Saviez-vous qu’il est désormais possible d’étudier des organes humains à l’intérieur de microcircuits ? Cette innovation, issue de l’ingénierie cellulaire et tissulaire, est connue sous le nom d’organ on a chip. Elle révolutionne la manière dont nous étudions la réponse du corps humain face aux substances chimiques, aux ingrédients alimentaires, aux médicaments et aux produits cosmétiques.
Ces dispositifs microfluidiques, de la taille d’une clé USB, reproduisent de façon réaliste les fonctions physiologiques d’organes humains tels que l’intestin, le foie ou la peau, à partir de cultures de cellules vivantes.
Organ on a chip : potentiel et applications
Un foie sur puce capable d’étudier le métabolisme des médicaments sans essais sur l’homme ; un cerveau sur puce qui permet de tester de nouveaux traitements pour les maladies neurologiques ; ou encore un rein sur puce, qui reproduit les processus de filtration, de réabsorption et d’excrétion avec une précision inédite : voici quelques exemples du potentiel exceptionnel de l’organ on a chip.
Mais cette technologie dépasse largement le domaine médical. En reproduisant avec précision les fonctions des organes humains, les systèmes organ on a chip offrent une solution puissante pour évaluer la sécurité, l’efficacité et la fonctionnalité des composés dans de nombreux secteurs industriels. Ils permettent de réaliser des études prédictives et fiables, sans recourir à l’expérimentation animale.
Applications dans l’alimentation : bioaccessibilité, métabolisme et microbiote
Dans le domaine alimentaire, les modèles d’intestin sur puce permettent de simuler le processus de digestion et l’absorption des nutriments ou des ingrédients fonctionnels le long du tractus gastro-intestinal. Ces modèles sont essentiels pour :
- Étudier la biodisponibilité de composés bioactifs tels que les polyphénols, probiotiques, vitamines ou peptides.
- Analyser l’interaction avec le microbiote intestinal dans des conditions dynamiques et contrôlées.
- Évaluer le potentiel inflammatoire ou immunomodulateur de nouveaux ingrédients.
Basés sur des méthodologies dynamiques in vitro, alignées sur les principes de l’ingénierie cellulaire et tissulaire et des organ on a chip, ces modèles reproduisent fidèlement les fonctions clés du système digestif humain. Ils constituent une alternative efficace aux essais sur l’homme ou l’animal, offrant une reproductibilité élevée et une forte pertinence physiologique.
Ils sont particulièrement utiles pour la validation de denrées fonctionnelles, de nutraceutiques et de compléments alimentaires innovants.
Applications dans la cosmétique : durabilité, sécurité cutanée et efficacité des principes actifs
Dans l’industrie cosmétique, les systèmes organ on a chip représentent un outil révolutionnaire pour évaluer la toxicité cutanée, l’efficacité des principes actifs et leur interaction avec la peau humaine, tout en évitant les tests sur animaux.
Les modèles de peau sur puce reproduisent les couches et les fonctions clés de la peau, y compris la barrière épidermique, le système immunitaire local et la vascularisation. Grâce à ces dispositifs, il est possible de :
- Évaluer l’irritation ou la sensibilisation cutanée de nouveaux produits.
- Étudier la pénétration transdermique et le comportement des nanomatériaux ou des ingrédients encapsulés.
- Mesurer en temps réel l’efficacité de principes actifs tels que les antioxydants, peptides ou filtres solaires, dans des conditions physiologiques simulées.
Ces approches répondent à la demande croissante d’alternatives éthiques et durables dans la R&D cosmétique, tout en respectant les réglementations européennes en vigueur.
Applications pharmaceutiques : développement accéléré et médecine personnalisée
Dans le domaine pharmaceutique, l’organ on a chip et l’ingénierie cellulaire et tissulaire transforment la recherche et le développement de médicaments. Ces systèmes microfluidiques reproduisent des fonctions physiologiques humaines complexes — telles que la circulation sanguine, le métabolisme hépatique ou la barrière hémato-encéphalique — dans des environnements contrôlés et reproductibles.
Ils permettent notamment de :
- Évaluer la pharmacocinétique et la pharmacodynamie des composés dès les phases précoces de développement.
- Étudier la toxicité hépatique, rénale ou cardiaque avec une précision supérieure aux modèles animaux.
- Réaliser des tests d’efficacité dans des conditions pathologiques simulées (par exemple, modèles de foie stéatosique ou d’intestin inflammé).
- Avancer vers la médecine personnalisée, en utilisant des cellules dérivées de patients pour anticiper la réponse individuelle à un traitement.
Ces technologies accélèrent les processus de développement, réduisent les coûts et améliorent la prédiction des effets chez l’humain, contribuant ainsi à augmenter le taux de réussite des essais cliniques.
En complément de l’organ on a chip, d’autres approches de l’ingénierie cellulaire et tissulaire, telles que les essais in vitro de bioaccessibilité et de biodisponibilité, ouvrent la voie à une innovation plus sûre, plus efficace et conforme aux attentes réglementaires et sociétales.
Ces technologies conjuguent performance scientifique et durabilité, marquant une nouvelle ère dans la recherche appliquée à l’alimentation, à la cosmétique et à la pharmacie.





