La Commission européenne a lancé la consultation publique préalable à la rédaction de la future proposition législative omnibus sur la sécurité alimentaire en Europe. L’initiative vise à simplifier et à renforcer le cadre réglementaire relatif à la sécurité des aliments et des aliments pour animaux dans l’Union européenne. Selon les prévisions officielles, la proposition devrait prendre forme au cours du dernier trimestre de 2025 dans le cadre de l’initiative « Une vision pour l’agriculture et l’alimentation », avec pour objectif principal d’atteindre une simplification maximale de la législation, d’accélérer les procédures, de réduire les charges administratives et d’améliorer la compétitivité du secteur agroalimentaire européen.
Contexte politique et objectifs stratégiques pour la sécurité alimentaire en Europe
La proposition s’aligne sur trois grands objectifs institutionnels :
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Rationaliser le cadre réglementaire conformément à la communication « Une Europe plus simple et plus rapide ».
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Améliorer la compétitivité et la résilience des systèmes alimentaires et des aliments pour animaux, conformément à la Boussole pour la Compétitivité.
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Réduire la charge réglementaire de 25 % pour les entreprises et de 35 % pour les PME, avec une économie estimée à 37,5 milliards d’euros avant la fin du mandat actuel.
L’initiative ne nécessite pas d’évaluation d’impact complète, car elle repose sur des preuves techniques consolidées, des rapports d’application et des contributions structurées des États membres et des parties prenantes.
Domaines législatifs concernés
La proposition traite des cadres réglementaires actuels pour un large éventail de produits :
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Règlement (CE) n° 1107/2009 (produits phytopharmaceutiques)
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Règlement (UE) n° 528/2012 (biocides)
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Règlement (CE) n° 1831/2003 (additifs pour aliments pour animaux)
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Règlement (CE) n° 999/2001 (ESB)
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Règlement (UE) 2017/625 (contrôles officiels)
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Règlement (CE) n° 852/2004 et 853/2004 (normes d’hygiène)
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Directive 2009/128/CE (utilisation durable des pesticides)
Problèmes identifiés et mesures proposées pour la sécurité alimentaire en Europe
Produits phytopharmaceutiques : En raison de la réduction des possibilités d’utilisation suite au retrait d’anciens produits et de la lenteur de l’approbation d’alternatives biologiques, il est nécessaire de fournir des alternatives. Les mesures proposées incluent :
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Accélérer l’autorisation des produits de biocontrôle.
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Renforcer la reconnaissance mutuelle entre les États membres.
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Soutenir les usages mineurs.
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Clarifier les dispositions relatives aux substances de base, au traitement des semences et à la protection des données.
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Faciliter l’utilisation de drones pour les applications ciblées de pesticides.
La proposition traitera également des limites maximales de résidus afin d’améliorer la clarté de la terminologie et des règles transitoires, pour renforcer la sécurité juridique.
Biocides : Le règlement (UE) n° 528/2012 présente des retards dans la révision des substances actives, ce qui entrave l’accès au marché et l’innovation. La proposition se concentrera sur :
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Ajustements spécifiques pour réduire la charge administrative.
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Révision de l’expiration de la protection des données.
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Renforcement des procédures d’autorisation harmonisées.
Additifs pour aliments pour animaux : L’évaluation de 2024 a identifié des charges inutiles dans les processus de renouvellement et de modification des autorisations. Les mesures comprennent :
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Simplification des procédures de changement de titulaire.
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Flexibilisation de l’étiquetage, y compris les options numériques.
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Réduction des coûts de conformité sans compromettre la sécurité.
Normes d’hygiène alimentaire : Harmonisation des procédures de notification avec la directive TRIS (Système d’information sur les réglementations techniques), élimination des duplications et amélioration de la transparence grâce à une base de données unique.
Encéphalopathie Spongiforme Bovine (ESB) : Les règles actuelles sont dépassées et créent des charges inutiles. La proposition vise à :
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Moderniser le cadre juridique.
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Introduire une approche plus flexible et fondée sur la science.
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Faciliter le commerce et réduire les restrictions disproportionnées.
Contrôles officiels : Actuellement, les postes frontaliers ne peuvent pas libérer partiellement les lots conformes, ce qui entraîne des retards dans le commerce lorsqu’une partie seulement du lot est retenue. Un système plus flexible est nécessaire pour :
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Permettre la libération partielle des lots végétaux.
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Introduire des exceptions limitées aux exigences d’accréditation des laboratoires de référence.
Bien-être animal : L’obligation de soumettre des rapports en double sur la vidange sanitaire sera supprimée, réduisant la charge administrative sans perte d’informations pertinentes.
Produits de fermentation avec microorganismes génétiquement modifiés (GMM) : Il sera précisé si les produits doivent être considérés comme « produits à partir de » ou « produits avec » des GMM, réduisant l’incertitude réglementaire.
Principaux impacts
Les mesures proposées devraient avoir des impacts positifs dans plusieurs dimensions :
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Réduction des coûts de conformité pour les opérateurs économiques et les autorités compétentes.
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Amélioration de la compétitivité des agriculteurs et entreprises du secteur agroalimentaire.
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Stimulation de l’innovation, en particulier pour les PME.
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Amélioration de l’efficacité réglementaire, sans compromettre la sécurité alimentaire en Europe, la santé humaine ni la protection de l’environnement.
En particulier, l’accélération de l’approbation des produits de biocontrôle et l’utilisation de drones dans l’agriculture de précision devraient accroître la disponibilité d’outils durables pour la protection des cultures. Par ailleurs, la flexibilité de l’étiquetage numérique et la simplification des procédures d’autorisation des additifs pour aliments pour animaux faciliteront l’investissement et le développement de nouveaux produits.
Prochaines étapes
L’appel à données restera ouvert jusqu’au 14 octobre 2025, après quoi la proposition sera élaborée. Selon les informations disponibles, elle devrait être disponible avant la fin de 2025. L’impact de l’initiative sera suivi via les mécanismes sectoriels existants, en portant une attention particulière à :
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Nombre de demandes et autorisations pour les produits phytopharmaceutiques et biocides.
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Indicateurs d’innovation et disponibilité des additifs pour aliments pour animaux.
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Utilisation des flexibilités dans les contrôles officiels.
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Évolution des exigences de surveillance pour l’ESB.
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Application de la procédure simplifiée de notification pour les normes d’hygiène.
Conclusion
La proposition omnibus représente un effort technique et stratégique pour moderniser le cadre législatif de la sécurité alimentaire en Europe et des aliments pour animaux. En abordant des problèmes spécifiques avec des mesures concrètes, cette initiative devrait contribuer de manière significative à l’efficacité administrative, à l’innovation et à la compétitivité du secteur, sans compromettre les normes élevées de protection qui caractérisent la législation de l’Union européenne.